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Le design minimaliste, ou l’essence même du design.

Se concentrer sur l’essentiel pour atteindre une forme de vérité pure, voici la quête perpétuelle du design minimaliste. Ce courant phare du design, qui traverse les époques et les modes depuis plus d'un siècle, trouve aujourd’hui toute sa place dans le monde digital au travers de son esprit originel : être un art « utile ». C'est en cela qu'il constitue une composante essentielle et inspirante de l’ADN de Big Youth.

Une philosophie centenaire

« Less is more ». Cette citation est peut-être celle qui définit le mieux le design minimaliste. Son auteur ? Ludwig Mies van der Rohe, directeur du Bauhaus. Fondée en 1919, cette école d’arts appliqués allemande pose à l’époque les bases du mouvement minimaliste.Design, photographie, architecture… Ses préceptes touchent alors toutes les disciplines. Leur objectif ? Allier art et technique avec une finalité claire : remettre l’humain au centre de toute fonctionnalité.

« L’artiste n’est qu’un artisan inspiré », proclame ainsi le manifeste du Bauhaus pour insister sur la vocation utilitaire du courant.

D’un point de vue graphique, le design minimaliste se caractérise par une prédominance des lignes et formes géométriques. Il recherche également la simplification de la typographie. Cette quête amène Herbert Bayer, typographe du Bauhaus, à créer l’alphabet universel en 1925. Sa police, baptisée « Caractère universel », se débarrasse de tout empattement. Elle rompt aussi avec une tradition vieille de plusieurs siècles en s'affranchissant des lettres majuscules !

L’héritage du Bauhaus

Cet avant-gardisme détonne dans le contexte politique de l’époque. Critiqué pour son « art dégénéré », le Bauhaus ne survit pas à l’avènement du nazisme. Sa philosophie continue toutefois d’animer de nombreux designers. Dieter Rams est l’un de ses plus brillants héritiers. Directeur de la conception chez Braun jusqu’en 1995, ce créateur virtuose révolutionne la façon de faire du design. Suivant le même crédo – « moins, mais avec la meilleure exécution » – il contribue à développer de nombreux produits emblématiques pour la marque allemande. Lancé à la fin des années 1950, le tourne-disque SK4 en est un parfait ambassadeur. Gracieux, épuré, d’un blanc immaculé : il tranche avec l’allure pataude de ses concurrents. Ici, le design se concentre avant tout sur la fonctionnalité. Les commandes sont placées au-dessus de l’appareil pour faciliter son utilisation. Quant au couvercle transparent, il est en plexiglas, matière réputée pour sa résonnance exceptionnelle. On touche alors à l’essence même du minimalisme !

Les 10 commandements du design minimaliste

Dieter Rams n’a pas seulement comblé une génération de mélomanes. Il a aussi établi les dix principes d’un bon design. En voici les lignes directrices :

1. Un bon design est innovant.

« L’innovation, avant tout technique, sert en premier lieu l’intérêt des utilisateurs.»

2. Un bon design rend un produit utile.

« Avoir ce principe à l’esprit permet de ne conserver que les fonctionnalités indispensables. »

3. Un bon design est esthétique.

« La qualité esthétique d’un produit fait partie intégrante de son utilité. »

4. Un bon design rend un produit compréhensible.

« Mieux encore, cela peut faire parler le produit. »

5. Un bon design est discret.

« Les produits remplissant une fonction sont comme des outils. Ce ne sont ni des objets de décoration ni des œuvres d’art. »

6. Un bon design est honnête.

« Il ne tente pas de manipuler le consommateur avec des promesses qui ne peuvent être tenues. »

7. Un bon design est durable.

« Il dure de nombreuses années, même dans la société actuelle et intransigeante. »

8. Un bon design est approfondi.

« Rien ne doit être arbitraire ou laissé au hasard. »

9. Un bon design est respectueux de son environnement.

« Il préserve les ressources et minimise la pollution physique et visuelle tout au long du cycle de vie du produit. »

10. Un bon design est le minimum de design possible.

« Moins, mais mieux parce qu’il se concentre sur les aspects essentiels. »

Les marques et le design minimaliste

Les grandes marques suivent-elles ces préceptes ? Dieter Rams se reconnaît dans l’une d’entre elles. Il s’agit ni plus ni moins d’Apple, seule enseigne selon lui à appliquer tous ses principes. En y regardant de plus près, plusieurs produits du géant de l'informatique s'inspirent d’ailleurs des créations du designer allemand. C’est le cas de l’iPod, qui ressemble comme deux gouttes d’eau au T3 Pocket Radio de Braun sorti en 1958. Vous avez dit design durable ?! Le XXIe siècle bien entamé, le minimalisme est plus que jamais d’actualité. Peut-être parce que sa philosophie – revenir à l’essentiel – ne sera jamais désuète. Même les logos des grandes marques ont adopté ses préceptes. Larry, l’oiseau de Twitter aux traits auparavant détaillés a suivi une cure de minimalisme au fil des années, au point d’arborer seulement une silhouette bleue. Pareil chez Apple : la pomme autrefois multicolore a perdu progressivement tout reflet au profit d’un gris sobre et uni.

Et le webdesign minimaliste ?

Ce goût pour les choses simples a également gagné le web, et c’est une bonne nouvelle !

Le « webdesign minimaliste » permet une navigation plus fluide, grâce à la suppression de tous les éléments non nécessaires. Le visiteur peut alors se concentrer sur ce qu’on lui offre.

Le webdesign minimaliste se reflète par des menus épurés, des icônes aux visuels évocateurs ainsi qu’un rendu allégé de toute lourdeur. Fidèle à sa vocation, il devient ainsi un proche allié de l’UX en favorisant la création de chemins plus simples pour l’utilisateur. Fini les boutons et embranchements multiples, le fond et les fonctionnalités priment sur la forme. Pour ne rien gâcher, cette approche minimaliste respecte plusieurs principes en termes de SEO. Grâce à leur design épuré, les pages web sont naturellement responsives. Légères, elles se chargent aussi plus rapidement. Si Google apprécie, une dernière question se pose : les fondateurs du Bauhaus avaient-ils pensé à tout ça ?!